Fausse représentativité : le grand mensonge politique

Représentativité politique

« La représentativité politique n’est pas seulement une question de nombre, mais aussi de qualité dans la compréhension et la défense des besoins de la société. » Simone de Beauvoir

La démocratie repose sur un principe fondamental : celui d’une représentation équilibrée, à même de refléter la diversité de la société qu’elle entend servir. Pourtant, cette représentativité tant vantée n’est-elle pas une illusion ? Une chimère à laquelle nous prétendons croire pour masquer une réalité bien plus crue : celle d’une classe politique souvent déconnectée, plus attachée à son propre microcosme qu’aux réalités du terrain.

Une démocratie sous influence : la fin d’une élite déchue ?

La question de la représentativité politique s’impose avec force dans le débat public. Nous élisons nos députés et maires pour qu’ils défendent une vision de la société qui nous ressemble. Une vision ancrée dans nos expériences, nos valeurs et nos origines. Mais alors, pourquoi avons-nous si souvent l’impression d’être gouvernés par des élus qui nous sont étrangers ?

La colère populaire à l’égard de la « vieille politique » n’est pas nouvelle. L’ENA, jadis perçue comme l’incubateur des élites politiques, a été dissoute en 2021, accusée d’avoir formé des dirigeants déconnectés. Une révolution silencieuse a alors commencé à se dessiner : celle de l’arrivée en force de citoyens issus de la société civile. L’élection législative de 2017 en est l’exemple parfait. Porté par l’idée d’un renouvellement profond, le parti La République en Marche a balayé les formations traditionnelles, introduisant au Parlement une myriade de nouveaux visages, issus du privé, de l’entrepreneuriat, ou du secteur associatif.

Une représentation à l’épreuve du réel : entre amateurisme et désillusion

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Mais une Assemblée qui ressemble au peuple est-elle forcément plus efficace ? La démocratie est une machine complexe, régie par des codes, des usages, un savoir-faire qui ne s’acquière pas du jour au lendemain. Très vite, les déceptions ont émergé : élus inexpérimentés, difficultés à s’adapter à l’écosystème politique, prises de parole hasardeuses… L’opinion publique, qui applaudissait hier la fin du règne des « professionnels de la politique », leur reproche aujourd’hui leur amateurisme.

Ainsi, 2017 a été la preuve par l’exemple que si la politique n’est pas un métier en soi, elle en présente toutes les caractéristiques. Une réalité souvent occultée par les discours populistes qui prônent l’idée simpliste que tout citoyen est un élu en puissance. Or, gouverner ne s’improvise pas.

L’autre fracture de la représentativité : l’enjeu générationnel

L’abstention record des jeunes lors des élections est le symptôme d’une autre déconnexion : celle du fossé intergénérationnel entre les élus et leurs administrés. L’âge moyen d’un maire en France est de 58,9 ans. Celui d’un député : 49 ans. Un écart significatif, alors que l’âge moyen des Français est de 42 ans. Pourquoi les jeunes, pourtant préoccupés par des enjeux cruciaux comme l’écologie ou la précarité, restent-ils en retrait de la scène politique ? Un système verrouillé, des contraintes financières et professionnelles, mais surtout une absence de considération véritable de leurs préoccupations dans les débats nationaux.

Féminisation et autres diversités : l’égalité à géométrie variable ?

La représentation politique ne se limite pas à une question d’âge ou de parcours. La place des femmes en politique est sans doute l’enjeu le plus médiatisé. Depuis 1999, des lois de parité ont permis une féminisation progressive des instances de pouvoir. Mais cette avancée, nécessaire et juste repose sur une logique de contrainte et de discrimination positive. Or, pourquoi ne pas appliquer ces mêmes règles aux jeunes, aux classes populaires, aux minorités ? Si l’on prétend que la diversité enrichit le débat démocratique, alors pourquoi ces catégories demeurent-elles marginalisées ?

Représentation ou compétence : le vrai débat

Derriere cette quête de représentativité, ne risque-t-on pas d’oublier l’essentiel ? Un bon dirigeant ne se définit pas par son genre, son origine ou son parcours professionnel. Mais par sa vision, son engagement, sa capacité à comprendre les problèmes des citoyens et à leur apporter des solutions concrètes.

Or, en focalisant le débat sur les critères identitaires, ne renforçons-nous pas les clivages ? La politique doit-elle refléter la société dans ses moindres détails, ou plutôt incarner une certaine hauteur de vue, une capacité à transcender les différences pour mieux servir l’intérêt général ?

Finalement, ce n’est peut-être pas une Assemblée-miroir que nous devons chercher à ériger, mais une classe politique capable d’être à l’écoute, d’agir avec empathie et compétence, et d’incarner une démocratie véritablement inclusive et efficace.

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